1 - vallée de la Quête (talab)
2 - vallée de la Perplexité (hayrat)
3 - vallée de la Liberté solitaire (istighnâ’)
4 - vallée de la Connaissance (ma’rifat)
6 - vallée de l'Unité (tawhid)
7 - vallée de l’Anéantissement (fanâ’)
à la santé du feu et à la flamme
La conférence des Oiseaux de Farîd od-dîn ‘Attâr est un poème spirituel persan du 12é siècle.
Dans un conte mystique du 13ème siècle, Farid Ud-Din Attar nous rapporte comment la huppe a, un jour, décidé de réunir tous les oiseaux pour les inviter à un long voyage à l'issue duquel ils doivent rencontrer le Simurgh, le roi des oiseaux. Cette aventure les amène à traverser sept vallées, sept lieux spirituels, dans lesquels s'engagent chaque fois divers plaidoyers : celui du perroquet, du paon, du rossignol, de l'aigle... Faut-il poursuivre ce périlleux voyage ou se contenter de ce qui est acquis et qui nourrit déjà désirs et aspirations ? Faut-il renoncer à ce que l'on possède déjà, si modeste soit-il, pour briguer un sens spirituel majeur qui suscite doutes et incertitude
Sîmorgh, oiseau mythique à la beauté indescriptible, est dans Le Cantique des oiseaux et la mystique d’Orient l’allégorie du Divin. La huppe la décrit comme le seul Être qui mérite d’être aimé et désiré, et dont il ne reste au monde qu'une plume multicolore et mystérieuse.
Brûlés par le désir de trouver leur Roi, tous les oiseaux du monde se réunissent. Guidés par la huppe, messagère de Salomon, ils décident de s’envoler vers Sa majesté Sîmorgh, l’Être divin, qui vit sur les hauteurs du mont mythique Qâf.
La huppe connaît le long et difficile voyage, elle en sait les dangers et les épreuves. Il faudra traverser les sept vallées successives, pour parvenir enfin jusqu’au Trône royal.
Mais les oiseaux hésitent à prendre leur envol, encore prisonniers des attachements terrestres. La huppe conte alors à chacun une histoire de sagesse, dans une mise en abyme qui invite à abandonner ses biens, ses amours, ses certitudes, à renoncer à soi-même pour entreprendre le voyage. Car au bout du chemin il y a l’Être Aimé, Merveille des merveilles. Seuls trente oiseaux ( en persan , si- morgh signifie littéralement « trente oiseaux » ) parviennent au seuil du roi Simorgh , et là, merveille, ils ne voient en lui que le reflet d'eux-mèmes, comme l'indique l'homonymie Sîmorgh/sî morgh , devenu le plus célèbre jeu de mots de la littérature persane .
’Attâr nous raconte que les sept vallées sont un cheminement intérieur et qu’au terme du voyage les oiseaux ne trouvent et ne peuvent voir qu’eux-mêmes , car en réalité , on ne peut jamais voir la divinité , elle qui pourtant est là au tréfonds de chaque âme :
« L'âme est cachée dans le corps et toi , tu es caché dans l'âme. Ô toi , caché dans le caché, âme de l'âme. Ô toi qui es dans l'âme et aussi hors de l'âme. »
Le Simorgh vole sans bouger et sans ailes…
Il est incolore. Son nid est à l’Est et l’Ouest n’en est pas dépourvu… Sa nourriture est le feu… Et les amoureux des secrets du cœur lui confient leurs secrets intimes.
Le château de la Simorgh trône sur le mont Qâf, qui surplombe la terre. Il se manifesta tout d’abord en Chine. C’était en Chine, tard dans cette nuit sans lune, que le Simorg apparut d’abord aux mortels. Il laissa une plume flotter dans les airs Et des rumeurs sur sa renommée se propagèrent partout…
Farid al-Din Attar, dont Rûmî disait qu'il avait parcouru les « 7 cités de l'Amour », était de ces initiés là, et dans ce merveilleux poème, « Mantiq at-Tayr », le poète raconte cette expérience mystique par une allégorie, la quête de 30 oiseaux à la recherche du Divin, symbolisé par Simorgh, l'oiseau fabuleux. Pour y parvenir, les oiseaux doivent d'abord traverser les 7 vallées de la Recherche, de l'Amour, de la Perception mystique, du Détachement, de l'Indépendance, de l'Unité, de l'Émerveillement, et de la Réalisation dans l'Annihilation, symbolisant, selon Al-Ghazâlî, les 7 étapes d'élévation de l'âme : L'âme charnelle, l'âme admonitrice, l'âme inspirée, l'âme apaisée, l'âme satisfaite, l'âme agréée et réalisée. Tout au long du chemin, il faut porter le djihad, la guerre sainte, contre ses propres faiblesses, et non pas contre les mécréants, comme se plaisent à faire croire aux foules les prophètes auto-proclamés.
Une fois arrivés au but, les oiseaux découvrent que l'Un est dans le Multiple, qu'ils sont eux mêmes Simorgh, l'Oiseau suprême. Ce symbolisme de l'élévation de l'âme présente d'étonnantes analogies avec ceux venant d'autres cultures, ce qui lui donne sans conteste une portée universelle.
Ainsi, la migration de ces oiseaux vers l'Absolu fait penser à la voie la plus élevée du renoncement des Upanishads, celle de la Parama-Hamsa, hamsa signifiant oie sauvage, dont le vol symbolise la quête de l'Absolu, la trajectoire de l'âme, de naissance en naissance, vers le néant.